Education à l’environnement et au développement durable

Les concepts de l’EEDD
 
L’éducation à l’environnement et au développement durable est, dans un certain sens, une « pratique » aussi bien fondée que presque toutes les tentatives parascolaires des 20 dernières années. L’enseignement des citoyens, l’enseignement global, l’enseignement à l’environnement, l’enseignement à la santé, l’enseignement interculturel et l’enseignement à la paix utilisent tous des méthodologies ayant beaucoup de similarités. Bref, celles ci sont basées sur la reconnaissance que l’idée exclusive d’éducation comme simple transmission de connaissances doit être enterrée. Au lieu de cela, elles nous ramènent à la signification du mot latin « educare » qui signifie: « faire ressortir le plein potentiel des élèves ». L’EEDD aspire également à guider la jeunesse dans le monde complexe et global d’aujourd’hui, ainsi qu‘à l’aider à devenir consciente des relations complexes et ambiguës et des connaissances locales. Les activités recueillies dans cet ouvrage reflètent les principaux concepts éducatifs sur lesquels reposent ces objectifs et ces méthodologies.
 
L’EEDD est orientée vers l’élève
 
Les idées, les valeurs et les perspectives des enfants forment le point de départ du processus éducatif. Les enseignants considèrent les élèves comme des acteurs à part entière dans leur processus d’acquisition des connaissances. Prenant en compte le fait que l‘apprentissage fait pleinement partie du processus de construction sociale; plusieurs exemples fournis dans ce livre suggèrent que les élèves collaborent, au sein d‘un groupe, afin de définir eux-mêmes le problème auquel ils veulent s‘attaquer. Au lieu de problèmes abstraits ou fictifs, où les enseignants connaissent les solutions à l‘avance, les élèves traitent de problèmes légitimes de l’EEDD. Il n’y a donc pas de réponses toutes faites, mais plusieurs solutions possibles. Cette approche renforce la confiance en soi des élèves  et peut également être utilisée pour aborder certains sujets fondamentaux.
 
L’EEDD est connectée à la vie réelle des enfants et aux communautés locales 
 
Les questions abordées sont pertinentes au niveau local et sont intéressantes pour les institutions, les entreprises et les ONG locales. Les élèves et leurs écoles collaborent avec la communauté afin de permettre une démarche sociale commune. Ainsi les cours traitent cette fois de « connaissances contextuelles », ce qui diffère mais est relié aux plus habituelles « connaissances théoriques ». Les enfants ont l‘occasion de vivre de véritables expériences sur « comment se construit la connaissance » dans un processus collectif et social. Le rôle de l’enseignant est alors celui d’un interprète qui aide les élèves à découvrir de façon plus critique leur propre place et rôle
 
 
 
L’EEDD est orientée vers le futur
 
Basé sur « l’utopie concrète » qu’un meilleur monde est possible, on demande aux adolescents de pendre leurs choix en fonction de leur vision du futur et de jouer un rôle dans la société à laquelle ils appartiennent. Le développement n’est pas une question de ressources en matériaux ou de croissance économique. Développer une vision différente de ce que « la qualité de la vie » signifie peut aider les élèves à s’imaginer un futur durable et satisfaisant au niveau personnel. Ceci peut également les aider à accepter des choses de manière constructive ou à éviter des sentiments d’isolement ou de frustration. Il n’est jamais trop tôt pour travailler en fonction de notre vision de l’avenir et de la comparer avec les valeurs de la société d’aujourd’hui. Dans le domaine de l’EDD, cela signifie également élargir son horizon personnel du monde afin d’intégrer plusieurs cultures et donc renforcer la compréhension interculturelle.
 
L’EEDD est orienté vers l’action
 
Acquérir des connaissances utiles pour la vie future des élèves requiert un engagement Authentique permettant de réaliser des petits changements dans leur vie quotidienne. A Travers leur réflexion sur leurs propres actions, les élèves peuvent acquérir des connaissances utiles, parce qu’ils découvrent le lien entre les informations et une expérience réelle, ceci renforcé par les émotions vécues et par les valeurs qu’elles apportent. Mais l’action n’est pas seulement nécessaire à l‘acquisition des connaissances. Agir est également essentielle de nos jours, dans une société qui change aussi rapidement que la notre, afin d’acquérir des compétences qui permettront aux citoyens futurs d’affronter des situations incertaines et instables, et ceci de façon autonome.
 
L’EEDD encourage l’esprit critique
 
Dans un monde qui submerge les adolescents d’informations contradictoires très rarement neutres ou objectives, les jeunes doivent être capables de réfléchir consciemment et individuellement afin de devenir des citoyens actifs et responsables. L’EDD demande aux élèves de remettre en question les postulats qui se cachent derrière les connaissances, les opinions et les points de vue. Pour qu’ils puissent collaborer pour le développement durable, les élèves doivent regarder la planète « d’un autre œil ». Un esprit critique, bien qu’il soit souvent considéré comme renforçant une attitude négative et sceptique, aidera les élèves adolescents à trouver des façons optimistes et créatives de chercher le bon chemin, ce qu‘ils pourront alors reproduire dans le futur.
 
L’EEDD est basée sur des valeurs
 
D’un point de vue éducatif, les valeurs de l’EEDD ne peuvent pas simplement être transmises, mais elles doivent être négociées et construites. Où se trouve la frontière entre la liberté d’une personne et celle d’une autre? Quelle est la différence entre l’équité et l’égalité dans la distribution des ressources? De la simple transmission de valeurs ne peut résulter qu‘un changement de comportement à court terme et une pauvre compréhension du fondement de ces valeurs. L’EEDD convie les élèves à discuter le sens des valeurs dans des situations réelles. Dans la plupart des sociétés, l‘Europe inclue, les « valeurs déclarées » (Par exemple, le respect de l’environnement, le respect des différences culturelles) ne sont souvent pas les mêmes que les « valeurs pratiquées ». Les adolescents en particulier, sont très capables de comprendre cette différence et de montrer une motivation intrinsèque à réfléchir à cette question.
 
L’EEDD accepte la complexité
 
«Complexus» en latin signifie que les choses sont entremêlées. En acceptant la complexité, les élèves peuvent découvrir par une vue systématique et une compréhension commune que les processus par lesquels la nature trouve ses « solutions » sont non-linéaires, surabondants et souvent hasardeux et imprévisibles. Cette approche s‘oppose au réductionnisme dominant de la « rationalité technique restreinte » qui cause de tant de problèmes sociaux et environnementaux. Les nombreuses causes et les effets multiples sont la règle et non pas l’exception. Tout comme l’incertitude du processus et des effets. La conscience de l‘existence de limites ne devrait pas empêcher l’action, mais requiert une capacité d’agir face à l‘incertitude, pour faire face à l’imprévisibilité dans des situations concrètes, tout en ayant la situation en main.
 
L’EEDD requiert de la participation
 
La démocratie dans l’école est faite non seulement d’une éducation à la citoyenneté, mais aussi de pratique. De plus, la pratique dans les classes peut aider à développer une attitude responsable partagée et ceci via une véritable participation, où les élèves se préoccupent de leurs actions et de leur apprentissage. La participation n‘arrive pas spontanément et le fait de s’imposer ou de savoir influencer les autres ne sont pas les choses principales à retenir. Les élèves commencent à participer consciemment lorsqu’ils débutent par écouter les opinions des autres et à exprimer leurs propres points de vue sans s’imposer aux autres. Il faut négocier et convaincre. Ces choses peuvent être apprises dans un « cercle », que les adolescents joignent spontanément afin de remplir une tâche, avec l’aide occasionnel et le soutien de leurs enseignants. La communauté et l’autorité publique sont hautement sollicités afin de légitimer ces étapes de participation, spécialement et explicitement dans des activités d‘affaires publiques. Les changements chez les enseignants et dans les écoles en perspective de l‘EEDD dans presque tous les récits de ce livre, un changement de mentalité des enseignants, ainsi qu’un changement organisationnel dans les écoles son nécessaires. En effet, le concept de l’EEDD requiert des enseignants de changer leurs idées et leurs perspectives éducatives, et par Conséquent leur image de ce que signifie « être un enseignant » (ou un élève). Les enseignants devront développer des compétences qui sont différentes de celles qu’ils ont acquises lors de leur formation. Ils devront collaborer, et dans un premier temps avec leurs collègues, parce que l’EEDD ne peut jamais être réduite à un seul sujet et à une seule discipline. Ils devront également collaborer avec la communauté locale, avec les ONG qui opèrent dans les environs de l’école, et avec les scientifiques qui s’intéressent à leur programme d’action. Les enseignants, comme le prouvent ces récits, doivent devenir des mentors, des guides. Ils doivent être responsables du Contexte éducatif, et ils ne sont plus que des « dépositaires de connaissances ». Ces nouveaux Rôles ne sont pas faciles à apprendre et à mettre en pratique. Ils demandent la capacité et la volonté d’affronter l‘inattendu, ainsi que de remplacer la confiance en soi des enseignants basée sur leurs connaissances du sujet par des compétences méthodologiques. Les enseignants doivent être confiants en la capacité des enfants à poser des questions rationnelles, d’agir et de réagir de manière attentive et sensible. Finalement, ils devront céder la direction du projet aux enfants, ou en d’autres mots, donner de la liberté aux élèves et tolérer que le groupe se prenne en charge. L’équilibre à trouver par les enseignants situe entre céder le contrôle et garder la situation en mains. Où se trouve la frontière entre l’indépendance de l’enseignant et celle de l’élève? Chaque récit traite de cette quête de l’équilibre et met en lumière plusieurs solutions trouvées dans la pratique. Plusieurs récits montrent que l’éducation au développement durable ne se passe pas seulement dans les classes: l’EEDD révèle également son potentiel dans la communication entre l’école, la communauté environnante et la société dans un sens plus large.
 
L’EEDD est une entreprise sociale
 
Elle est basée sur la communauté, qui ne tolère pas que les enseignants et les écoles travaillent de façon isolée. 
Pendant ce processus de changement de mentalité, qui prend beaucoup de temps, les enseignants ne peuvent pas être abandonnés, et cela ne sera pas le cas! Chaque récit nous raconte quelque chose sur la participation et la collaboration avec des musées, des ministères, des scientifiques, des institutions, d’ONG et des communautés locales. Ces partenariats facilitent apparemment les processus de développement local dans les classes, les innovations dans la formation des enseignants, ou encore les trouvailles dans la science éducationnelle et dans l’élaboration des programmes nationaux. La conséquence naturelle de ce processus entremêlé est ce qu’on appelle « l’approche complète de l’école » (« the chole school approach »). Cette approche, qui a été développée ces 10 dernières années, aussi bien au niveau international que national, demande la participation de toutes les personnes de l‘école concernées, afin de faciliter le changement de mentalité pour l’EEDD. Ceci signifie non seulement que l’enseignement et l’apprentissage sont affectés, mais également que les règles d’évaluation et la direction de l’école doivent être orientées vers le dd, tout comme les repas, les jeux, et l‘hygiène quotidiens de l‘établissement, ainsi que les relations élèves/enseignants, etc.… « L’approche complète de l’école » pour l’EEDD cherche une consistance entre les valeurs sociales déclarées et pratiquées, entre les styles de vie désirés et les propositions concrètes, entre les enseignants, la direction des écoles et la politique de l’enseignement.
 
L’EEDD requiert une surveillance continue et une réflexion sur les actions entreprises
 
 Comme le poète Machado nous l’a rapporté:« Voyageur, le chemin, c‘est tes traces et rien d‘autre ; Voyageur, il n‘y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant. »
Bien que ce livre parle de motiver la jeunesse à soutenir l’amélioration écologique, économique et sociale de leur communauté locale et globale, les auteurs ne croient pas naïvement que ceci va être facile pour les élèves, les enseignants et la direction. Il est évident que les politiques sont de moins en moins limitées aux actions des fonctionnaires de l’état. Le fait de gouverner est de plus en plus partagé par différents groupes de citoyens. De plus en plus, le développement durable sera traité en coopération avec d’autres participants, souvent par une organisation indépendante venant d’autres participants comme les communautés, les réseaux, les entreprises, certaines branches de l’industrie, les associations, et évidemment, les écoles. Le fait de légitimer la participation des élèves aux actions pour le développement durable est basé sur la compréhension politique que ceci ne va pas restreindre les écoles à la simple transmission de connaissances cognitives, mais que ceci va plutôt convertir ces établissements en des centres de communication et de compétences sociales qui peuvent motiver la jeunesse à devenir les citoyens d’une planète partagée. « Comme d’autres concepts importants, par exemple l’égalité et la justice, la durabilité peut être considérée aussi bien comme une destination (un but qui vaut la peine d‘être poursuivi) que comme un voyage (il n’y a pas de route pré-tracée). »
L’évaluation de l’EEDD et l’approche des critères de qualité dans le processus d’innovation, la plus grande préoccupation des enseignants et des écoles est centrée sur l’évaluation. Le changement de mentalité requis de la part des enseignants affecte leur responsabilité d’évaluation à l’école, aussi bien au niveau local que national. Le monde de l’EEDD est en train de devenir conscient de ceci, et il y a maintenant beaucoup d’organismes internationaux (au niveau de l’Unesco et de l’unece) qui cherchent de nouvelles approches afin de pouvoir évaluer de façon consistante les concepts de base de l’EEDD
De nos jours, partout dans l’Europe, de plus en plus de villes veulent promouvoir le droit des enfants à coopérer activement à la transformation positive de leurs écorégions et leurs communautés. Ces initiatives sont vraiment très diverses : les enfants peuvent aider à redévelopper les espaces verts ou les cours d‘écoles.
 
Former les citoyens du futur 
 
De nos jours, partout dans l’Europe, de plus en plus de villes veulent promouvoir le droit des enfants à coopérer activement à la transformation positive de leurs écorégions et leurs communautés. Ces initiatives sont vraiment très diverses : les enfants peuvent aider à  redévelopper les espaces verts ou les cours d‘écoles ; ils peuvent faire partie de projets éducatifs, comme la semaine internationale appelée : je vais à pied à l’école » ou le «Bimbibici » italien ; ou l‘organisation de conseils municipaux pour la jeunesse et pour les enfants. De tels conseils ont été créés la première fois en France en 1970 afin de promouvoir une citoyenneté active, d’apprendre aux enfants comment un conseil de ville est élu et comment il fonctionne et, en même temps, de créer un environnement qui permette aux jeunes gens d’exprimer leurs points de vue sur leur propre ville et de les présenter à la population adulte. Les conseils avaient beaucoup de succès et se répandaient très rapidement, aussi bien en France que dans d’autres pays européens. En France, le nombre a augmenté de 200 en 1990, jusqu’à 1600 aujourd’hui. La convention des droits de l’enfant (1989) et sa ratification par tous les pays européens a joué un rôle énorme dans la promotion de ces conseils. En fait, elle a crée une nouvelle notion d’enfance, où l‘on considère les enfants comme des individus qui ont le droit et la capacité d’exprimer leur point de vue sur tout ce qui les concerne, et par conséquent, qui peuvent contribuer à l’amélioration de leurs communautés. Le modèle français, malgré quelques variations locales, a quelques traits caractéristiques, en particulier le nombre de représentants ayant un pouvoir consultatif qui sont élus dans les conseils des villes, et le budget annuel limité. Les conseils de jeunes et d’enfants (les ccr en italien) se sont multipliés en Italie après la ratification de la convention des nations unies par le gouvernement italien début des années 1990.